Kinshasa s’auto-éjecte du processus de paix au Kivu
Un nouvel article
De : mantoto bula (bula_mantoto@yahoo.fr)
Envoyé : samedi 1 mars 2008 20:13:46
À : sammusampa@hotmail.com
Salut Sam,
J'espère que tout se passe bien pour toi. En attendant un prochain article sur l'actualité dans le Bas-Congo notamment le massacre réccurent des adeptes de BDK, je t'envoie l'article ci-dessous pour publication.
Merci d'avance
Blaise
Kinshasa s’auto-éjecte du processus de paix au Kivu
Réagissant à la décision prise respectivement par Laurent Nkunda et les cinq groupes Mai-Mai de retirer leurs délégués du comité de suivi des résolutions ou recommandations de l’acte d’engagement de paix signé le 23 janvier dernier à Goma, le gouvernement congolais est monté aussitôt au créneau martelant par la voix de son ministre de l’intérieur, Denis Kalume, que Kinshasa est : « déterminé à faire aboutir le processus de paix quelque soit le cas, même s‘il faut l’imposer ». Alors que faut-il retenir de cette déclaration ?
Il apparaît clairement que par cette déclaration, Kinshasa s’auto-éjecte implicitement à son tour de l’acte d’engagement à la paix et opte sans ambages à la logique de la guerre. Bye Bye la paix, vive le crépitement des armes.
Mais la question que d’aucuns se posent est celle de savoir : si Joseph Kabila et son gouvernement disposent encore de moyens d’imposer la paix à l’Est ?
Imposer la paix suppose qu’il faille disposer non seulement d’une armée et des services de renseignements et de sécurité voués à la cause nationale mais aussi de moyens humains et logistiques à la hauteur des ambitions affichées. Au jour d’aujourd’hui peut-on dire sans peur d’être contredit que le Congo-Kinshasa dispose d’une armée et de services de renseignements et de sécurité voués à la cause nationale ?
Imposer la paix suppose que le gouvernement congolais ait tiré les leçons de la débâcle infligée l’année dernière à son armée par les hommes de Nkunda. Nul n’ignore que des ordres contradictoires émanant personnellement de Joseph Kabila ont été transmis par le biais d’un de ses fidèles, le général Amisi « Tango four » exigeant aux meilleurs soldats congolais épris d’esprit patriotique de déguerpir le terrain des opérations. Il en est résulté une confiscation par les hommes de Nkunda d’une importante quantité du matériel de guerre ainsi que la mort de 2600 soldats congolais et plusieurs blessés graves et légers. En décidant d’imposer la paix à l’Est, le gouvernement congolais a-t-il pris soin de dénicher tous ces mouchards Tutsi congolais le jour et Tutsi rwandais la nuit qui ont été à la base de la trahison des positions et de la stratégique des forces armées régulières congolaise ? Qu’a-t-il fait de tous ces officiers supérieurs congolais impliqués dans l’échec de l’armée congolaise ?
Imposer la paix suppose aussi qu’il faille tirer de leçons de l’échec de la conférence sur la paix, la sécurité et le développement au Nord et Sud Kivu. Cette conférence organisée dans la précipitation dont on savait qu’elle se solderait par un échec cuisant ; cette conférence, disions-nous, a encore complexifié la situation à l’Est que ne l’a décrispée. Comment faire aboutir la paix sans impliquer les rebelles Hutu rwandais lesquels du reste ne se sentent pas jusqu’à ce jour concernés par l’acte d’engagement issu de cette conférence ?
Comment imposer la paix quand Laurent Nkunda accusé récemment par la Monuc d’avoir massacré une trentaine des civils Hutu rwandais à Kalonge dans le territoire de Masisi ne s’en inquiète pas mais se sent réconforté dans sa lutte contre les rebelles Hutu rwandais dans une région qu’il qualifie de sensible ? Dans ce contexte que faut-il attendre du régime de Paul Kagame hostile aux interhamwe, menaces sérieuses à son existence, qu’il s’ouvre à la paix ? Bénéficiant du soutien récemment renouvelé des Etats-Unis avec la visite de Bush, ayant compris les limites de la Monuc, face à l’impuissance de l’Union Africaine et aux tergiversations de l’Union Européenne, Paul Kagame ne pourra que renforcer son allier Nkunda en contingent militaire.
Comment faire aboutir la paix quand Joseph Kabila, Laurent Nkunda et Paul Kagame se consultent via leurs émissaires Tutsi congolais infiltrés dans l’armée, services de sécurité et de renseignements congolais pour poursuivre leur plan machiavélique de déstabilisation de l’Est du Congo-Kinshasa, parvenir à son contrôle intégral et en faire un Tutsi land ?
Dans ce contexte, le gouvernement congolais parviendra-t-il à imposer la paix comme il le prétend ? Autrement dit maintenant qu’il vient de s’auto-éjecter du processus de paix par sa déclaration belliqueuse, gagnera-t-il la guerre cette fois-ci ? That’s the question ?
Blaise.B. Mantoto
Courriel : bula_mantoto@yahoo.fr