L'UDPS plaide sa cause à Bruxelles par Marie-France CROS dans une interview avec Remy MASSAMBA
Congo-Kinshasa
L'UDPS plaide sa cause à Bruxelles
MARIE-FRANCE CROS
Mis en ligne le 31/05/2006
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Tournée européenne du secrétaire général du parti d'opposition. Il cherche des appuis pour l'organisation d'un dialogue avant les élections, que l'UDPS boycotte. Il évoque un «complot» international.
ENTRETIEN
Rémy Masamba, secrétaire général de l'UDPS, a entamé une tournée européenne destinée à expliquer les positions du parti dirigé par Etienne Tshisekedi sur le processus électoral, qu'il boycotte. L'UDPS se dit «exclue» de celui-ci. «Nous voulons la réinscrire dans le processus», explique M.Masamba.
Avant Bruxelles, celui-ci était en Suède et en Allemagne, deux pays qui fournissent des hommes à la Force d'intervention européenne prévue pour sécuriser les élections présidentielle et législatives au Congo, dont la date, plusieurs fois reculée, est maintenant fixée au 30 juillet.
Quel est votre message?
Nous disons que l'envoi de cette force suscite beaucoup de questions. Pour que ce déploiement soit mieux accepté par les Congolais, nous insistons pour que se tienne un dialogue entre forces politiques congolaises, avec le soutien de la communauté internationale.
L'UDPS veut-elle reprendre tout le processus depuis le début?
Non. Nous ne prendrions pas cette responsabilité. Une partie du chemin a déjà été réalisée mais il faut rectifier le tir parce que l'UDPS a été exclue.
Que demandez-vous pour intégrer le processus électoral?
L'essentiel est qu'un signal montre que ces élections seront inclusives. Nous avons un cahier des charges mais nous savons que nous ne pouvons obtenir satisfaction à 100 pc. Il a fallu un an pour qu'on accède à notre exigence de mettre fin à la confusion possible sur l'identité de l'UDPS (NdlR: trois partis se réclamant de ce nom se présentaient; un accord différencie désormais les sigles) mais cela ne s'est fait qu'à la veille de la clôture du dépôt des candidatures; l'UDPS n'était donc pas prête.
Vous demandiez aussi la réouverture des bureaux d'enregistrement des électeurs -que vous aviez boycotté- dans tout le pays. Impossible, selon les techniciens.
Nous sommes demandeurs d'un délai très court pour organiser les élections. Si un dialogue est ouvert, nous pourrions évaluer avec les techniciens ce qu'il est possible de faire.
Roger Lumbala vous a offert, en vain, son siège dans la Commission électorale; là vous auriez pu discuter avec les techniciens...
C'était un élément très périphérique. L'essentiel était l'identification des partis et la réouverture des bureaux.
Les capitales étrangères ne vous suivent pas et considèrent que l'UDPS s'est auto-exclue du processus électoral.
C'est une lecture qu'elles ont eue à un moment. Mais toutes les ambassades à Kinshasa se sont impliquées dans le problème d'identification des partis -utilisé comme arme politique par le gouvernement- et ont réussi à faire fléchir celui-ci.
Les communiqués du représentant de l'UDPS à Bruxelles évoquent «un complot» international contre votre parti. Vous souscrivez à ce point de vue?
Cela doit être le discours de l'UDPS. Tous les acteurs nationaux avaient accepté en décembre 2005, sous égide internationale, d'aborder les problèmes posés par l'UDPS au sujet du processus électoral; or, il n'y a eu aucune suite. Si on laisse les choses en l'état, cela relèverait d'un complot.
La décision de boycotter le processus a tout de même suscité des dissensions dans l'UDPS.
Non. Nous n'avons pas participé à l'enregistrement et au référendum à cause du problème d'identification des partis.
C'était plutôt parce que l'UDPS soutenait que la transition devait finir le 30 juin 2005.
Nous n'avons jamais eu le fétichisme des dates...
Vous faisiez quand même une fixation sur cette date et vous aviez fait monter la tension.
Oui, parce que nous voulions le respect des textes. Le fait que la classe politique n'avait pas, à cette date, réalisé les préalables nécessaires à la tenue d'élections l'obligeait à se réunir pour identifier les écueils. On ne l'a pas fait. Ces écueils sont donc toujours là un an plus tard. Il faut maintenant un dialogue pour fixer un calendrier des élections réaliste; ce ne peut être géré par la seule Commission électorale, qui est un organe technique. En juin 2005, elle avait précipité le début de l'enregistrement des électeurs uniquement pour pouvoir dire qu'on avait avancé sur le chemin des élections. Aujourd'hui elle recommence, en fixant la date du 30 juillet pour les élections (NdlR: soit après la fin de la transition, le 30 juin 2006, fixée par la Constitution de transition) afin de cacher qu'elle n'est toujours pas prête.
© La Libre Belgique 2006
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