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23 avril 2007

Des garanties sécuritaires auprès d’un président « ex-enfant soldat » ?

          Des garanties sécuritaires  auprès d’un président « ex-enfant   soldat » ?

La décision de l’opposition institutionnelle congolaise de suspendre sa participation à l’assemblée nationale a permis de déjouer la manœuvre du pouvoir consistant à la figer au rôle de figurant. Et on sait que depuis, cette opposition conditionne son retour à l’hémicycle du palais du peuple par l’obtention des garanties sécuritaires, l’ouverture d’un réel espace d’expression des  libertés, la levée du siège à la permanence de MLC . On sait aussi qu’elle est prête à s’engager dans un dialogue franc pour obtenir du pouvoir ces garanties. Les obtiendra-t-elle ? telle est la question que d’aucuns se posent.

    A priori, on peut penser qu’elle pourrait les obtenir, question pour kabila de reculer pour mieux sauter ou encore de donner l’impression  à l’opinion nationale et internationale de revenir à de bons sentiments après les critiques, les pressions de ses parrains occidentaux au sujet du massacre des adeptes de Bundu dia Kongo et des événements du 22 et 23 mars derniers. Rappelons que plus de 700 congolais y ont laissé leur vie sans compter les blessés et  les disparus

     En réalité ce repli n’est que stratégique comme cela  se fait souvent quand une armée confrontée à une résistance inattendue décide  de reculer afin de peaufiner son plan d’attaque. Dans sa détermination à  assujettir l’opposition-UN après l’avoir préalablement décapitée,  Kabila, confronté à une opposition décidée de jouer pleinement son rôle constitutionnel, s’accommode de changer son fusil d’épaule en adhérant à l’idée de conférer avec elle.  Que cache cette stratégie ?

     L’ouverture du régime Kabila au dialogue avec l’opposition-UN, c’est de la poudre aux yeux. Tout en cherchant à obtenir le dénouement du blocage  des  activités de l’assemblée nationale suspendues à la  suite du retrait de plus de 100 parlementaires de l’opposition, les Kabilistes affûtent leurs armées. Ce n’est qu’une question de temps.

  Toujours est-il que  l’option du dialogue à laquelle le pouvoir de Kinshasa  souscrit  cache deux scénarii probables :
     *Le premier scénario consisterait à calmer le jeu en caressant la communauté internationale  dans le sens du poil afin d’obtenir sans restriction le soutien financier indispensable au démarrage de cinq chantiers préconisés par Joseph Kabila et intégrés dans le programme du gouvernement Gizenga.  Il est évident que cette accalmie pourrait persuader certains bailleurs de fonds à ne pas se désengager de leurs  promesses  de contribution au budget  2007  dont la publication se fait attendre.

     *Le deuxième scénario reviendrait à jouer le jeu de l’opposition -UN en acceptant de  donner des  garanties folkloriques à la sécurisation de celle-ci. Mais ce jeu pourrait dissimuler une tactique dangereuse, laquelle consisterait à vider l’opposition de toute sa substance, maintenant que sa décapitation a été obtenue. Dans cette perspective tous les moyens pourraient être envisagés par les kabilistes pour arriver à leur fin. Au moyen de  la corruption, de  privilèges attrayants, de promesses de promotion dans la « carrière politique », d’éliminations physiques en douce, des intimidations…Kabila pourrait torpiller l’opposition entraînant ses membres à la dissidence,  de manière à la  fragiliser suffisamment, puis  la modeler à sa convenance.

     L’opposition regroupée dans l’union pour la nation (UN) ne devrait pas avoir la mémoire courte. Elle devrait tirer les leçons de négociations de l’union sacrée de l’opposition de jadis avec le feu Maréchal Mobutu. Palais de marbre 1,2,3…n ‘ont pas profité à l’union sacrée. Celle-ci  s’est désagrégée avec la défection de Ngunz a karl Bond, Ya Mungul, Kibassa, Birindwa et biens d’autres, démangés par un opportunisme politique ostensible. Souvenez-vous de la nomination à la primature, contre toute attente, de Ya Mungul pourtant membre de l’union sacrée. Ces défections avaient fini par fragiliser l’union sacrée de l’opposition. Et la suite, nous la  connaissons.

     L’histoire pourrait se répéter si l’UN ne tire pas de leçons du passé. Il n’est pas exclu que certains membres de l’ opposition institutionnelle congolaise fassent dissidence surtout que Jean-Pierre Bemba, son chef  vient d’être réduit au silence, même à l’étranger. Beaucoup d’entre eux sont jeunes, opportunistes et sans idéal politique. Et dans ce cas, il est probable que  « loi du chacun pour soi »   prenne  le dessus sur  l’union,  pour la nation. L’avenir nous le dira.

    Si l’opposition-UN tient à préserver son unité, son dynamisme face à un pouvoir déterminé à la laminer, elle doit avoir à sa tête un leader charismatique, populaire et fort. Ainsi dans sa quête des garanties sécuritaires, elle devra  exiger toute cessation de poursuite contre Jean Pierre Bemba élu à plus de 40 % de suffrages , - et donc représentant une grande partie de l’opinion nationale -, ainsi que son retour à la tête de l’UN. A défaut d’obtenir satisfaction à cette requête, elle devra   trouver en son sein d’autres leaders forts capables de résister comme Etienne Tshisekedi  au paternalisme et à l’asphyxie des puissances occidentales. Des leaders capables de porter les valeurs de solidarité et de défense des intérêts du peuple congolais d’abord.

    Dans sa configuration actuelle l’opposition institutionnelle congolaise ne doit pas perdre de vue  que le pays a été confié à un « enfant soldat » en âme  au comportement imprévisible et déterminé non seulement à régner sans partage mais surtout pour y parvenir, à façonner une opposition apprivoisées  « mbwa ya  copal ». Croire aux garanties sécuritaires émanant d’un président « enfant  soldat » en âme,  c’est refuser de voir le danger qui guette l’opposition -UN, et donc le pays dans son intégralité, durant cinq ans de  législature.

     Visionnaire, l’opposition authentique incarnée par l’Udps, le front patriotique, Bundu dia kongo, l’Anader, l’Abako et bien d’autres forces acquises au vrai changement, n’abdiquera pas face à ce président « enfant  soldat » en âme, garanties sécuritaires ou pas . Garanties sécuritaires ou pas, elle continuera à se battre dans la diversité de ses moyens, pour obtenir, par le peuple interposé, la démobilisation de cet « enfant-  soldat »  en âme et sa réinsertion dans la vie civile.

Blaise B.MANTOTO
Courriel : bula_mantoto@yahoo.fr

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